Le Centre International de Développement des Engrais (IFDC), à travers le projet Feed the Future Engrais avec le soutien de l’Agence des Etats-Unis pour le Développement International (USAID), a organisé un webinaire sur l’utilisation du phosphate naturel pour la fabrication locale des engrais en Afrique de l’Ouest, le jeudi 11 juillet 2024.
Le phosphate naturel, ressource dont regorge le sous-sol de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest, notamment le Burkina Faso, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo reste très peu utilisé au niveau local pour booster le domaine de l’agriculture.
En vue de tirer le meilleur avantage de l’utilisation du phosphate naturel pour la fabrication locale des engrais, IFDC, à travers le projet Feed the Future Engrais financé par l’USAID, a tenu un webinaire le jeudi 11 juillet 2024.
Cette conférence virtuelle a enregistré la participation d’environ 200 acteurs de la chaîne de valeur des engrais. L’initiative vise entre autres, à mettre à la disposition des publics
cibles des informations sur une technologie innovante que les industries d’engrais peuvent capitaliser pour augmenter leur capacité de production locale d’engrais. Il
s’agit de l’activation du phosphate naturel.
Le Directeur de la santé des sols et de la productivité agricole de IDFC, Dr. Ekwé
Dossa, a affirmé que l’utilisation efficiente du phosphate naturel est une méthode prometteuse pour améliorer la fertilité des sols, surtout lorsqu’il est activé afin d’en augmenter l’efficacité.
Pour le conférencier, le phosphate naturel, riche en phosphore essentiel pour les plantes, est souvent négligé dans la gestion agricole.
Pourtant contrairement aux engrais chimiques, a-t-il fait savoir, il améliore la fertilité du sol à long terme, soutenant un équilibre écologique durable.
La nécessité d’activation Docteur Ekwé Dossa a déclaré que pour tirer parti du phosphate naturel, des techniques d’activation sont nécessaires. Et cela peut inclure l’acidulation pour augmenter la disponibilité du phosphore pour les cultures, ainsi que l’association avec des nutriments organiques pour améliorer la structure du sol. Il est également à souligner que la structure des phosphates naturels varie selon les pays.
Le conférencier a cité en exemple, le phosphate naturel de la Tanzanie qui est plus réactif et peut être utilisé directement, surtout sur les sols acides, où les plantes réagissent mieux. Ce n’est pas le cas du Togo dont le phosphate naturel a une faible réactivité lorsqu’il est appliqué directement aux plantes. Il faut noter que plusieurs facteurs comme la pluviométrie, aux caractéristiques des sols, peuvent affecter la réactivité du phosphate. «
Pour les phosphates naturels à faible réactivité, il est important d’améliorer leur capacité à
libérer des nutriments aux plantes », a mentionné le conférencier. Les pays d’Afrique de l’Ouest, notamment ceux du Sahel, disposent des sols à faible fertilité sans oublier le poids de la guerre russo-ukrainienne qui a des conséquences néfastes sur le coût des engrais.
A ce propos, il a encouragé les décideurs politiques à soutenir l’utilisation du phosphate naturel présent dans le sous-sol pour une meilleure gestion de la fertilité des sols. « Nous
avons des gisements de phosphate pour une meilleure fertilisation du sous-sol », s’est convaincu, le Directeur de la santé des sols et de la productivité agricole. Il a tenu à préciser que son utilisation ne résoudra pas définitivement le problème, mais contribuera à atténuer certaines situations d’appauvrissement des sols.
A l’écouter, des tests de validation effectués au Ghana, les résultats indiquent qu’avec le phosphate activité 6500 kg de maïs ont été obtenus à l’hectare et sans activation, il a été enregistré 3300 kg à l’hectare. Au terme de cette conférence en ligne, le Chef du
projet Feed the Future Engrais, Dr Sansan Youl, a remercié les partenaires
tels que l’USAID, la CEDEAO, IFDC et les participants pour l’intérêt porté à cette activité.
Pour lui, la valorisation du phosphate naturel est l’élément essentiel pour une
agriculture durable et une sécurité alimentaire améliorée. De ce fait, a-t-il dit, « ces échanges sont une opportunité pour les parties prenantes de se familiariser avec les
avancées scientifiques et technologiques dans l’exploitation du phosphate naturel en Afrique de l’Ouest ». Le projet Feed the Future Engrais, est exécuté dans 17 pays de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel. Il vise, selon Dr Sansan Youl, à soutenir les
structures africaines sur des questions essentielles qui entravent la disponibilité, l’accessibilité et l’utilisation des engrais appropriés dans la sous-région.
Aly SAWADOGO